Comment l’individu est-il relié à la société ? Des extraits d’articles suivants permettent de répondre en partie à cette question sous un angle sociologique.
Émile Durkheim, le fondateur institutionnel de la sociologie française, inscrivait ainsi sa discipline autant contre le déterminisme biologisant très influent à son époque que contre la psychologie , chacun porteur d’une certaine morale. Pour lui, « la première règle et la plus fondamentale est de considérer les faits sociaux comme des choses » (Les règles de la méthode sociologique), autrement dit porter l’analyse au niveau des appartenances collectives, à l’aide notamment des outils statistiques, pour y repérer les déterminations premières des agissements humains, indépendamment des désirs et affects individuels. Une règle dont il démontre la portée heuristique dans sa célèbre étude sur le Suicide. Il voit par ailleurs l’individualisation des consciences comme la résultante de la division du travail social (De la division du travail social, Paris, PUF, 2007 [1893]). Radicalisant cette vision, certains n’hésitent pas à présenter l’individu comme un « mythe », dont les effets politiques et moraux ne se font que trop sentir aujourd’hui. Cela n’empêche cependant pas Durkheim d’employer par ailleurs abondamment le terme d’ « individu », et même de promouvoir un certain individualisme « abstrait » dont l’objet est « la glorification, non du moi, mais de l’individu en général [et qui] a pour ressort non l’égoïsme, mais la sympathie pour tout ce qui est homme, une pitié pour toutes les misères humaines, un plus ardent besoin de les combattre et de les adoucir, une plus grande soif de justice »
Source :
http://www.laviedesidees.fr/L-individu-objet-central-pour-la.html
(…)Dans De la division du travail (…), Durkheim étudie les conditions sociales nécessaires à l’émergence d’une morale individualiste. La division et la différenciation croissantes du travail ont fondamentalement transformé les règles morales de la coopération sociale. Il décrit cette transformation d’une morale collective et religieuse en une morale individualiste et séculière à travers les métamorphoses de la conscience collective et de la solidarité, autre manière de désigner le caractère moral d’une société. Afin de préciser la signification et la portée de cette transformation, Durkheim distingue deux idéaux-types de formes sociales : sociétés archaïques et sociétés modernes.